Japon – Le temple de Meiji-Jingū et la Mori Tower
Tokyo. Dans l’une des plus grandes villes du monde, le temple Meiji-Jingū est un havre de tranquillité. Cérémonies religieuses, mariages, prières, le temple Meiji-Jingū est une occasion de s’avader du vacarme de Tokyo.
De gigantesques et magnifiques arbres s’élancent en hauteur. Leurs ombres envahissent le petit sentier et le soleil parvient difficilement à se frayer un chemin aux travers des branchages touffus. Le vert éclatant de leurs feuilles commence tout doucement à laisser place à une couleur qui tire légèrement vers le jaune. L’automne ne fait que débuter dans la capitale du Japon en ce mois d’Octobre. Si l’on tend l’oreille, il est même possible d’entendre les gazouillis des oiseaux qui peuplent la forêt et le murmure du vent qui danse autour des arbres en faisant s’agiter leurs feuilles. Le calme et la sérénité dans toute leur simplicité. Cette scène naturelle peut paraître anodine, si nous n’étions pas au cœur de la ville tentaculaire de Tokyo, avec ses trente-trois millions d’habitants vivant à proximité. Le sanctuaire de Meiji-Jingū est un havre de tranquillité perdu au milieu de la ville cosmopolite qu’est Tokyo.
Dimanche. Nous sommes arrivés hier dans la capitale du Japon. Il est quatre heures du matin et pourtant personne n’arrive à dormir. Le décalage horaire se fait ressentir, car c’est à peine le début de soirée en Europe. Le réveil définitif quelques heures plus tard n’en sera que plus difficile. Le ciel dehors est chargé, les nuages forment un dégradé de gris qui ne présage rien de bon. Le jour commence timidement à se lever mais celui-ci s’annonce sûrement pluvieux.
Avant d’aller visiter le très célèbre sanctuaire Meiji-Jingū et de pouvoir profiter du calme qui y règne, un petit arrêt à Shinjuku s’impose. Il est déjà onze heures, mais tous les nombreux restaurants sont ouverts depuis l’aube. Il suffit de se laisser guider par les envies et les publicités à n’en plus finir. Un petit restaurant sombre, sans fenêtres avec vue sur l’extérieur n’aurait pas pignon sur rue en France alors qu’il en est tout autrement au Japon. Nous nous installons tranquillement dans l’un d’entre eux. Au bout d’un petit moment, le serveur nous regarde, vient timidement à notre rencontre et d’un geste répété de ses bras, nous désigne un distributeur. Tout en souriant et en s’inclinant légèrement, naturellement. Un distributeur dans un restaurant? Où est la carte? Nous nous regardons, médusés. Un regard vers celui-ci, puis vers le serveur, toujours aussi souriant et timide à la fois. Nous éclatons de rire, lui aussi. Nous comprenons à cet instant que le distributeur permet de choisir les plats et sert à payer la note directement. Nous passons pour de vrais touristes! Une fois le ticket en main, il suffit de le donner au serveur qui amène les plats aux clients, souvent dans les cinq minutes qui suivent. Système ingénieux, rapide et propre. D’autant plus que les Ramens – un plat typique du Japon à base de pâtes – sont excellents.
Harajuku, le quartier des Cosplays
La JR Line semble être la ligne de métro la plus prisée de la capitale nippone. Même le dimanche, celle-ci ne désemplit pas, mais elle permet facilement de relier toutes les plus grands centres de Tokyo très rapidement. Après l’excellent repas à Shinjuku, la prochaine destination est le quartier d’Harajuku. « C’est ici que les gens viennent faire du shopping le dimanche. Si vous avez de la chance, vous pouvez aussi voir des Cosplays » nous fait savoir Nicolas. « Un peu plus loin, n’oubliez pas d’aller visiter les Champs Elysées de Tokyo, à savoir l’avenue Omotesandō ». Nicolas Charles est un jeune français installé à Tokyo depuis de nombreuses années. Il a notamment créé une boutique de friandises en plein quartier d’Harajuku, avec un petit café au premier étage. Point particulier, les personnes dans la file d’attente ont droit à des oreilles de lapin. La stratégie marketing semble des plus efficaces, à la vue de la queue qui attend sagement devant la boutique et le café. « Je suis déjà passé deux fois à la télévision! Ça aide! », nous raconte-il avec un grand sourire en nous montrant l’écran qui passe la vidéo de ses interviews en boucle. « Le commerce reprend peu à peu. La période après le séisme de 2011 était difficile pour tout le monde. L’économie du Japon en a pâti, mais les touristes reviennent nombreux depuis l’année dernière».
Nicolas a fondé sa boutique il y a quelques années et a su se faire une place dans un monde très concurrentiel. « Vivre au Japon peut être plus difficile qu’en France. Ici, les soins coûtent horriblement cher et ne sont quasiment pas remboursés » nous répond-t-il, suite à nos questions concernant la vie d’un étranger au pays du soleil levant. « Au final, chaque pays à ses avantages et ses inconvénients. Mais pour rien au monde je ne retournerais en France, surtout que j’ai ma famille ici ». Nous saluons une dernière fois Nicolas et la visite du quartier d’Harajuku se poursuit, avec la foule qui nous accompagne et qui ne cesse de s’agrandir.
La tranquillité du sanctuaire Meiji-Jingū
L’avenue Omotesandō est certes très belle, mais il n’est pas nécessaire de perdre beaucoup de temps à la visiter. C’est une autre vitrine du consumérisme acharné qui s’étend sur des kilomètres, rien de plus. Surtout que la majorité des boutiques restent, comme sur les Champs Elysées, hors de prix. A côté de la station d’Harajuku se trouve le fameux sanctuaire de Meiji-Jingū, un lieu touristique très apprécié des tokyoïtes et des touristes. « Regardez les toriis, il est écrit sur la plaque que les arbres viennent de Taiwan et qu’ils sont les toriis les plus grands du Japon ! » s’enthousiaste Misa en chinois. Misa est une amie japonaise rencontrée à Taiwan. Attirée par la langue et la culture chinoise, elle travaille actuellement dans la traduction d’ouvrages chinois/japonais et a fait une thèse intéressante sur les populations indigènes de Taiwan. Continuant dans un mixte d’anglais et de chinois, elle nous explique que le sanctuaire de Meiji-Jingū a été construit pour la commémoration de l’Empereur Meiji, qui mourut en 1912. C’est notamment grâce à lui que le Japon s’est industrialisé et est devenue une puissance importante au niveau international. Cette époque est plus connue comme « l’ère Meiji ».
Avant d’entrer dans le sanctuaire de Meiji-Jingū, il faut se laver les mains à une source d’eau. « Oh ! Regardez ! Un mariage ! Ceux qui peuvent se permettre un mariage dans le sanctuaire de Meiji-Jingū sont en général assez riches », s’exclame-t-elle avec ses mains toujours mouillées. Tout le monde marche les uns derrière les autres. Les prêtres sont en tête du cortège, suivi de deux ravissantes jeunes femmes, sans doutes des assistantes, puis des mariés. La famille et les proches ferment la longue file indienne. Au-dessus des jeunes mariés flotte un tournesol rouge gigantesque. La majorité des invités est habillée en costume japonais traditionnel, surtout les femmes. Les mariés sont eux aussi vêtus du traditionnel kimono. Il serait difficile d’imaginer cela, à un mariage alsacien par exemple. Cela montre une certaine détermination des Japonais à ne pas laisser disparaître si rapidement les traditions, qui sont toujours bien ancrées dans leur culture. La parade est fascinante. Tout le monde parle à voix basse, pour respecter le silence de la cérémonie. Ce sera le seul moment où les touristes et les Japonais pourront voir la mariée, le reste de la cérémonie se déroulant en privé dans l’un des innombrables bâtiments du sanctuaire Meiji- Jingū.
« Il faut claquer deux fois des mains, s’incliner légèrement deux fois puis faire un vœu » nous explique Misa alors que nous sommes devant une représentation d’un dieu. Le temple a beau être de religion Shinto, tout le monde peut prier librement, même les non-croyants. « La plupart des temples fonctionnent grâce aux dons et à la vente de petite carte en bois pour les prières ou tous autres objets à l’entrée du sanctuaire ». Misa continue ses explications (certaines en chinois !), de sa vie de tous les jours à Tokyo, elle qui a étudié cinq ans à Hiroshima et habitée toute sa jeunesse à Wakayama. Le sanctuaire de Meiji-Jingū est un endroit plein de spiritualité et sans aucun doute très beau, loin du Tokyo ultramoderne qui n’est pourtant pas très loin. En quittant le sanctuaire de Meiji-Jingū, le soleil parvient à percer les nuages et illumine la canopée des arbres du sanctuaire. Il est temps de dire au revoir à Misa pour aller voir Tokyo depuis les hauteurs.
Découvrir Tokyo du haut de la Mori Tower
La nuit est tombée le temps de prendre le métro, amenant avec elle l’atmosphère si particulière à Tokyo. Les rues commencent à s’illuminer et les nuages ont laissé place à un ciel d’un bleu profond. Tout autour de nous, les magasins sont ouverts comme n’importe quel jour de la semaine. Tout près de la station Roppongi, la Mori Tower se vêt de sa garde-robe nocturne. Malgré sa hauteur, nous avons quand même réussi à nous perdre et c’est seulement au bout d’une dizaine de minutes que nous l’apercevons. Nous contemplons l’araignée géante à l’entrée de la Mori Tower, le temps d’une petite pause. Le prix par personne est de 1800 Yen, mais cela en vaut largement le prix. C’est en haut d’une cinquantaine d’étages que l’on peut se rendre compte de l’immensité de la ville de Tokyo. Elle s’étend à l’infini, les lumières se prolongeant jusqu’à l’horizon lointain. Il y a peu de monde à cette heure-ci dans la Mori Tower. Nous sommes presque hypnotisés par ce spectacle. En face de nous se trouve la très célèbre Tokyo Tower, une réplique de la très française Tour Eiffel. Autre lien avec le pays du terroir, c’est la possibilité de prendre un verre d’un excellent champagne pour la modique somme de 1700 Yen. Heureusement que les amuse-gueules sont comprises dans le prix ! Mais ce sera pour une autre fois…
Nous préférons redescendre sur le plancher des vaches pour trouver un excellent restaurant à Shinjuku, au coin d’une rue déserte. Comme d’habitude, c’est le hasard qui nous guide dans les entrailles du quartier. Un choix démocratique est souvent fait en fonction des critères tels que l’odeur, la présentation du restaurant (même s’il ne faut pas s’y fier), des plats en plastic qui sont présentés à l’entrée. Ce restaurant en question est tellement petit que seule une dizaine de personnes peuvent y tenir, mais les raviolis ne sont pas à l’image de la taille du restaurant. Ils sont tout simplement excellents. Deux heures et plusieurs bières plus tard, il est temps de rentrer. Mais nous ne sommes sans doute pas encore redescendus de nos rêveries suite à cette journée magnifique.
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